Christo à Bruxelles
Le sculpteur et artiste visuel Christo, avec sa partenaire artistique et épouse Jeanne-Claude, aujourd’hui décédée, ont créé un nombre impressionnant d’ installations mettant en scènes des matériaux aussi divers que des tissus, des barils de pétrole ou l'acier. Parmi ses projets les plus remarqués, citons « The Gates », une installation de 7 503 portes en tissu recouvert de safran en 2005 en bordure de Central Park à New York et « The Umbrellas », une composition de 3 100 parapluies colorés dans les montagnes d’ Ibaraki au Japon et en Californie en 1991.
Christo explique qu’il cherche à créer une réponse purement physique et qu’il ne se satisfait pas des diverses tentatives d'interprétation de ses installations. "Tous nos projets sont totalement irrationnels, totalement inutiles", déclarait-t-il récemment. "Personne n'en a besoin. Seulement moi et quelques amis, qui en ont un besoin désespéré, et essaient par tous les moyens de le réaliser. C'est tout. Nous ne faisons jamais les mêmes choses. Chaque projet est comme une tranche de vie. Ils arrivent à un moment particulier de la vie."
L'artiste américain d'origine bulgare de 82 ans a reçu le titre de Docteur honoris causa à Turin en octobre, et raconte qu'il reste concentré sur le 'Mastaba' à Abu Dhabi, un projet pharaonique imaginé dès 1977 que l'artiste ne désespère pas de mener à terme. "Maintenant, je me concentre sur la construction du Mastaba, qui nécessite beaucoup de ressources et un travail d'ingénierie sophistiqué sur une superficie de 16 kilomètres carrés", explique-t-il.
Le Mastaba est une structure trapézoïdale composée de plus de 400 000 barils de pétrole de couleurs différentes, destinée à être construite à Al Gharbia, à 150 km d'Abu Dhabi. Elle sera, si elle est réalisée, la seule œuvre d'art permanente de Christo et Jeanne-Claude et deviendra la sculpture la plus haute au monde (150 mètres).
Christo a étudié la peinture, la sculpture et l’architecture aux Beaux-Arts de Sofia. Avec Jeanne-Claude, le couple a débarqué aux Etats-Unis en 1964 comme étranger illégal. Dès son arrivée, Christo a investi un atelier de Lower Manhattan où il vit encore actuellement. "Christo mange un morceau d'ail tous les matins et monte les escaliers incroyablement raides de son atelier de Tribeca dix fois par jour. Il est le plus vivant de 82 ans que je connaisse.", explique Mathias Rastorfer de la Galerie Gmurzynska en Suisse. En réalité, le plus grand obstacle à la réalisation de ses travaux a toujours été la bureaucratie qui prend parfois des décennies à être surmontée. "Nous avons toujours travaillé sur plusieurs projets à la fois parce que nous n'étions jamais sûrs de ceux qui obtiendrait un permis. Au cours des 50 dernières années, nous avons réalisé 23 projets et 36 ont échoué", a indiqué Christo.
Récemment, après 25 années de planification au travers de trois administrations, Christo a choisi d'abandonner « Over the River », une œuvre qui aurait drapé de tissu argenté la rivière Arkansas dans le Colorado, parce qu’elle aurait dû se situer sur des terres du gouvernement et qu'il aurait fallu travailler avec l'administration. "L'administration d'Obama était très intéressée par le projet, mais lorsque le nouveau président a été élu - et je ne mentionnerai pas son nom - nous avons décidé de ne plus le faire», a-t-il expliqué. Dernièrement, l'installation de Christo «Les jetées flottantes» sur le lac d'Iseo au nord de l'Italie avait attiré le plus grand nombre de visiteurs en 2016 selon le classement ANSA des dix meilleures expositions en Italie, soit près de 1,5 million de visiteurs.
L’exposition « Christo and Jeanne-Claude. Urban Projects » est la première rétrospective depuis les années 80 des projets urbains de Christo et Jeanne-Claude. Elle présente un certain nombre des projets urbains, réalisés ou non, et est encore visible jusqu’au 25 février 2018 à l’ING Art Center, Place Royale 6 à Bruxelles. La sélection des œuvres met l’accent sur l’importance primordiale du dessin dans la genèse, l’évolution et la cristallisation esthétique de chacun des projets.
Image: Christo, © Nicolas Houyoux
