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Gehry se copie-t-il lui-même ?


- Are people still asking: “What are you thinking when it comes to your new designs?

- FRANK GEHRY: Not so much anymore. They do sometimes think I will repeat myself, and they don’t want to be number two. That’s strange, because I never repeat myself.

Si la répétition est la forme la plus simple de décor, l’éviter chasse l’ennui : le projet de Gehry à Arles a une allure pesante, suffisante, et plus qu’une architecture, il est un outil de communication visuelle et une affirmation de puissance, comme si le bâtiment avait bien plus de choses à dire au-delà de la fonction qu’il remplit.

Car le véritable centre d’intérêt, ou le seul, des formes complexes dans l’architecture contemporaine réside dans le processus de génération qui est à leur origine. Le concept de morphologie implique l’idée de la forme comme résultat de l’action d’une force sur une matière ou d’une logique sur un système.

Georges Teyssot ne se laisse pas démonter par les dernières productions de ce vieil enfant prodige : «Frank Gehry est pris dans un moule et il se répète, commente le professeur de Princeton (USA) et de l'université Laval (Canada). Après avoir réalisé des immeubles extraordinaires dans les années 1980, y compris le célèbre musée de Bilbao, il s'est pris au jeu et a commencé à tourner en rond. C'est un des défauts du système actuel: les architectes offrent un style bien défini et les clients leur demandent des reproductions de ce style. Le branding, l'image de marque devient un piège.»

L'architecture peut-elle encore vraiment incarner la «physionomie des nations», comme le voulait la formule ancienne? En dehors du new-yorkisme ou bientôt du arlisme, quel salut? Est-ce Arles qui veut être comme Bilbao ? Berlin qui veut être comme New York ? Et si l’agacement résidait dans cette répétition de la différence, dans cet additionnement du non-standard, dans cette frénésie de la demande en crédibilité culturelle.

Car une construction présente toujours un aspect local, une inscription culturelle précise. Et il est indispensable de protéger la multiplicité des formes et des techniques et lutter contre l'uniformisation. En même temps, on observe une adaptation étonnante des formes dites universelle ou mondialisée.

Comment donc l’architecture s’imite-t-elle, telle est la question à laquelle, à travers la notion de style notamment, de nombreux théoriciens ont essayé de répondre. L’architecture entretient avec son substrat matériel une relation singulière, qui procède à la fois de la connivence et de la défiance, et qui définit selon les périodes, selon les créateurs, autant de stratégies particulières en matière de projet. Mais devons-nous plus nous intéresser à ce qu’elle est, ou à ce que nous voyons ?

Frank Gehry conçoit l’architecture comme universelle, c’est-à-dire comme autonome par rapport à son créateur. Il lui revient pourtant de construire des édifices irradiant du sens et d’exprimer, par des stratégies formelles, l’esprit de son époque. Guy Debord expliquait sur la société du spectacle (1967) « le capital à un tel degrés d’accumulation qu’il en devient image». Hal Foster, critique d’art américain, explique qu’avec Frank Gehry c’est justement l’inverse ; « L’image a un tel degré d’accumulation qu’elle en devient capital. »

Et d’ajouter que le travail de Frank Gehry apporte désormais un intérêt majeur pour l’extérieur au dépend d’intérieurs devenus assez peu fonctionnels. Cette prédominance du « design » amène l’architecte vers une production devenue sculpturale qui créer des « espaces spectacle ». Il existe désormais résolument une distinction entre l’espace interne et la surface externe chez Gehry.

Alors donc, décidemment, Gehry ne se répète jamais. Ce sont les espaces intérieurs résultants de son architecture auto-référentielle qui sont répétitifs!

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