top of page
Rechercher

De l’esclavage à Black Lives Matter

  • nhouyoux
  • 19 sept. 2020
  • 4 min de lecture

Un an après son inauguration, le premier grand musée consacré à l’histoire de la culture afro-américaine ne désemplit pas. Pourtant l’idée d’un musée consacré aux Africains-Américains remonte à plus de cent ans, et plus précisément à la création, en 1915, de la « commission des citoyens de couleur », qui envisageait un monument célébrant leur contribution à l’histoire américaine.

C’est désormais chose faite. De la traite négrière au combat pour les droits civiques, tout y est exposé – même les fers destinés aux esclaves. Pris d’assaut depuis son ouverture, le National Museum of African American History and Culture (NMAAHC) est même devenu le « hottest ticket » à Washington. Il fait désormais partie des 19 galeries et institutions gérées par la prestigieuse Smithsonian Institution. Conçu sous la direction de l’architecte britannique David Adjaye en association avec l’architecte Philip Freelon, l’édifice apparaît comme une Ziggurat inversée à trois niveaux, en contraste frappant avec le marbre blanc de l’architecture néoclassique de la ville. 3600 panneaux d’aluminium couleur bronze, qui rappellent les objets de ferronnerie réalisés à l’époque par des esclaves de la Nouvelle Orléans, enveloppent la construction. Ils n’en font pas une tour d’ivoire, mais plutôt un lieu de dialogue où bat le pouls de l’Amérique, entre les mémoriaux Lincoln et Jefferson, la MaisonBlanche et le Congrès.

«Il me paraissait évident de ne pas travailler du marbre blanc. Ce projet devait parler un langage différent. Le bronze est un matériau usité tant pour les mémoriaux que les monuments. J’ai donc pensé qu’il pourrait être parfait pour les panneaux extérieurs. Chose extraordinaire, la Smithsonian Institution (la maîtrise d’ouvrage, ndlr) voulait impérativement que la construction soit assurée pour cinquante ans. Vous pouvez imaginer un dispositif en bronze rentable mais impossible de trouver quiconque pour garantir l’ensemble pour un demi-siècle. Ce n’était pas une question d’argent. Le problème était le poids du matériau. […] c’était bel et bien le système de fixation qui était l’objet de toutes les attentions. Cela nous a donc demandé de créer un système permettant l’accès à tous les panneaux, que ceux-ci soient dissociés les uns des autres et qu’un hypothétique remplacement n’engage ni la fermeture de l’équipement ni la sécurité des visiteurs», explique l’architecte au New York Times. La densité du motif peut aussi être modulée pour contrôler la transparence et la quantité de lumière à l’intérieur. L’architecte puise ainsi dans la culture yoruba, issue du bassin du fleuve Niger, dont il symbolise la triple couronne des divinités dans le toit à trois niveaux du musée.

Au Sud, le portique, à travers lequel on entre dans le musée, représente un prolongement de l’édifice dans le paysage et comble le fossé entre l’intérieur et l’extérieur. « La forme du bâtiment suggère une mobilité ascensionnelle. Ce n’est pas l’histoire d’un trauma passé, ni l’histoire d’un peuple qui a été abattu, mais celle d’un peuple qui a surmonté les épreuves et transformé une entière superpuissance en ce qu’elle est aujourd’hui », insiste l’architecte. La bâtisse de 540 millions de dollars n’a pas vu le jour sans mal. Elle concrétise le rêve nourri par d’anciens combattants afro-américains de la guerre de Sécession qui étaient montés dès 1915 à Washington pour proposer l’érection d’un mémorial en leur honneur. Il faudra attendre 2003 pour qu’une commission nommée par le président George W. Bush juge le moment venu de créer un nouveau musée rattaché aux institutions Smithonian dédié à l’histoire et à la culture noires. A l’intérieur du bâtiment, les visiteurs sont guidés dans un parcours historique et émotionnel, caractérisé par de vastes espaces libres, une profusion de lumière naturelle et une palette de matériau diversifié comprenant béton préfabriqué, bois et paroi vitrée reflétant le treillis de bronze. L’itinéraire du musée s’étend sur sept étages, dont quatre souterrains et trois surélevés. La visite commence avec les étages souterrains du musée et la reconstitution fidèle d’une hutte d’esclaves du XIXe siècle de la Caroline du Sud pour se poursuivre vers les étages supérieurs, dans un voyage idéal de la ségrégation à la libération, illustré par plus d’un millier d’objets. De l’épave d’un bateau d’esclaves à un wagon de train pour la ségrégation, du Livre des Hymnes de Harriet Tubman aux souvenirs de Martin Luther King, du casque de Mohamed Ali à la Cadillac de Chuck Berry, de la trompette de Louis Armstrong aux costumes de scène des Jackson Five.

L’architecte David Adjaye est né le 22 Septembre 1966 à Dar Es Salam, en Tanzanie. Son père étant un diplomate ghanéen, la famille voyageait beaucoup. Ainsi, David Adjaye a successivement vécu en Égypte, au Yémen et au Liban, avant que ses parents ne s’installent à Londres. Après ses études secondaires, il étudie l’architecture à la South Bank University de Londres. Après sa maîtrise, il part se perfectionner auprès de maitres architectes comme David Chipperfield et Eduardo Souto de Moura, tout en poursuivant ses études au Royal Collège of Art. Il y reçoit son diplôme en 1993 et prouve son talent, dès l’année suivante, en remportant la médaille de bronze de la compétition annuelle organisée par le Royal Institute of British Architects. Il commence alors à se signaler par son sens inédit de l’art de construire et par une utilisation particulière des matériaux au service de la lumière. En juin 2000, il fonde Adjaye Associates, son propre atelier d’architecture.

 
 
 

Comments


Featured Posts
Recent Posts
bottom of page