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L’agence multiple de Dominique Perrault

Figure emblématique de l’architecture française, Dominique Perrault s’est imposé au niveau international après avoir remporté le concours pour la Bibliothèque nationale de France en 1989, à l’âge de 36 ans. Nous lui avons rendu visite dans son agence parisienne, située au cœur de la capitale française, dans une ancienne fabrique édifiée au début du XXème siècle et réhabilitée.

Il s’y est établi en 2007, et il en partage la responsabilité avec l’architecte-designer Gaëlle Lauriot-Prévost, partenaire depuis plus de vingt ans, qui signe avec lui tous les projets. « C'est un peu ma tanière. Une pièce en bas donne sur la cour où nous avons planté un pin. J'habiterai à l'étage quand les travaux seront finis. C'est une espèce de factory, où l'on peut inviter des artistes en résidence. Ce n'est pas un seul quartier, mais trois quartiers, avec des tonalités dominantes : judaïsante, populaire et bobo », déclarait-il en 2008.

Installés au sein de l’agence, on retrouve également un plateau d’exposition de près de 400 m2, ainsi que DPAx, une plateforme de recherche multidisciplinaire explorant l’architecture dans une perspective plus large, et DPA LAB, laboratoire de recherche et d’innovation développant des processus qui réinventent le vocabulaire de l’architecture. La rénovation de la cour intérieure donne à voir une impeccable façade de verre, marquée par le rythme et la lumière des châssis continus. « Comment peut-on construire avec le vide qui est une simple puissance émotionnelle, comment construire des vides qui soient des lieux qui ne séparent pas les différentes parties de la ville, des lieux de sociabilité, de citoyenneté », écrivait Perrault en 2006.

La conception des projets de Dominique Perrault induise une écriture presque abstraite où les éléments constructifs ont presque leur autonomie propre. La coexistence entre eux se résume à des questions de proximité de matière, de distance. « M’inspire la relation entre les choses plutôt que les choses elles-mêmes », commente-t-il. Il est question de ce champ de sensibilité minimaliste dans les espaces que compose l’agence, de la pensée pure au service de l’architecture. Et l’on n’est guère surpris que Dominique Perrault aime à ce point l’idée de disparition, tant la sobriété et le dépouillement des lieux composent une architecture qui semble se dissoudre et combattre la densité, pour transformer l’espace en légèreté et en lumière.

Dominique Perrault l’explique en ces termes : « Ce n’est pas seulement l'espace entre deux murs, c'est en fait la disparition de l'architecture, c'est-à-dire l'absence d'architecture qui va permettre de faire vivre, d'introduire un morceau de paysage qui lui-même va se lier au paysage existant. Donc le vide est un matériau absolument essentiel à la perception de l'architecture, à la perception de la dimension de l'architecture et donc à la perception émotionnelle de l'architecture. Les artistes ont déclaré un jour la mort de l’art, il est temps que les architectes fassent apparaître la disparition, la dissolution et l’effacement de l’architecture au profit d’un regard qui mêle et emmêle ville et nature, pour mettre en œuvre un paysage sans exclusion fait de tout et pour tous, un chaos positif ».

Image: Agence de D. Perrault, © Nicolas Houyoux

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