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Architecture et/ou prototype ?


Le projet de Téhéran a été relayé dans de nombreux blogs et dans la presse généraliste. Il est à nouveau une occasion de nous servir l’habituelle dose de sensationnalisme qui caractérise l’architecture d’aujourd’hui. Mais comment digérer la masse de productions spectaculaires qui inonde nos réalités matérielles et virtuelles.

Sans pour autant négliger ses divisions internes, l’architecture spéculative ne se sépare pas de celle du réel. D’ailleurs la séparation nette entre le construit et le spéculatif n’a jamais eu lieu. Depuis toujours, leur relation est dialectique ; on ne juge pas l’architecture construite uniquement selon des critères pratiques. L’excentricité visible l’est de moins en moins au point de vue technique ; la technologie peut faire de presque n’importe quelles formes une construction tectonique.

Les grands thèmes de l’architecture sur le plan de l’esthétique et de l’imaginaire, des utilités et des fonctionnalités, de l’aménagement de territoires, sont mis en questions dès la conception. Si, à travers l’extraordinaire diversité de ses formes, l’une des fonctions de l’architecture a toujours été de construire le sens de son époque, elle a aussi donné en même temps les moyens de le questionner. Sa confrontation aux sciences et aux technologies contribue à une réflexion qui n’a peut être jamais été aussi nécessaire alors même que celles-ci bouleversent non seulement le cadre matériel de la vie mais aussi l’ensemble des dispositifs qui règlent les échanges symboliques entre individus et sociétés. L’architecture ne correspond plus au concept d’objet achevé, mais s’inscrit davantage comme un processus, un dispositif ouvert et collectif. Sa conception mobilise des compétences hybrides.

Les expérimentations dans le domaine de l’architecture visent à revisiter le triptyque économie, usage, espace. Sur la dimension économique, l’objectif est de concilier qualité architecturale et coûts réduits. Les valeurs d’usage, les pratiques et représentations de la production architecturale sont un autre aspect interrogé par les expérimentations. Pour les modes de vie, il y a le désir de répondre à leurs évolutions par une conception adéquate des espaces de vie (individualisation, technicisation, confort). Les projets expérimentaux se distinguent de l’architectonique ordinaire, en accord avec les stratégies des promoteurs qui attendent de nouvelles icones. La transgression esthétique est exprimée dans l’opposition entre banal et contemporain pour trancher avec une production dominante ou la détourner jusqu’à perturber son identité.

Car l’architecture doit nous offrir une réalité alternative quand nous voulons fuir les hypothèses construites de notre environnement quotidien. Mais elle persiste dans l’insistance que l’on peut sans attendre donner forme réelle à l’imaginaire, que les problèmes auxquels l’architecture essaie de se confronter sont unidimensionnels et peuvent être résolus en conséquence. Alors, comment vivre avec une architecture visionnaire ? Comment savoir quand construire, et quand rester dans le théorique? Le point de départ, laisser l’invisible tel quel !

Image: Sharifi-ha House, Next Office, Tehran

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