David Lynch et l’architecture

David Lynch découvre en 2000 la ville industrielle de Lodz, en Pologne, célèbre pour son école de cinéma et des Beaux Arts, et réalise en 2003 une série des photos sur les femmes et l'architecture de cette ville. Les corps peints par les lumières de la ville, les fragments et les détails deviennent une architecture organique; les usines traversent les brumes, les façades patinées par le temps montrent la lente déconstruction... « C'est une ville comme un rêve; les femmes et l'architecture y sont exceptionnelles… », explique t’il.

« L’architecture est une chose à laquelle je pense constamment. Le design influence ma vie. J’ai besoin d’espaces qui me correspondent. J’investigue souvent dans cette direction, mais je ne suis pas architecte. C’est pour cela que j’admire l’architecture, pour ce qu’un espace bien conçu peut engendrer comme changement chez une personne. La dimension de l’espace est tout autour de nous. Mais capturer l’espace et le transformer pour lui donner une plus-value significative est une forme d’art qui a ses propres règles. Et peu de gens savent le faire. La plupart des maisons, spécialement aux Etats-Unis, sont autodestructrices. Elles sont dépourvues de toute conception. Je pense qu’elles extirpent tout bonheur possible pour les gens, et c’est vraiment difficile de vivre dans ce genre d’endroit. »

Dans deux de ses récents films, Mullholland Drive et Inland Empire, David Lynch nous livre une image de la ville de Los Angeles comme théâtre de tous les possibles, une ville lumière, dont les lueurs scintillent de façon soigneusement rangée, ainsi qu’un inventaire méticuleux des différentes typologies architecturales visibles à Los Angeles.

Des codes empruntés au cinéma hollywoodien: de la villa de luxe surplombant la colline au pavillon miteux, en passant par le ranch perdu plus loin que la ville. Des lieux qui en rappellent d’autres, des enseignes énormes avalant l’architecture sous elles.

David Lynch nous donne l’image d’une ville multiple, capable de dissocier fond et forme, de mêler architecture européenne d’avant guerre et palmeraie ombragée, affichant un contraste fulgurant de styles d’architecture. Une ville de l’imprévu, une omniprésence, toujours « au mauvais endroit au mauvais moment ».

Les architectes que David Lynch préfère: “Ceux du Bauhaus, et tous les étudiants de l’école du Bauhaus, et Pierre Chareau, qui réalisa la maison de verre à Paris; Ludwig Mies van de Rohe et toute la famille Wright; Rudolph Michael Schindler and Richard Neutra. J’aime les choses « minimales ». J’adore Ray et Charles Eames, j’aime leur design. Vladimir Kagan était célèbre dans les années 50 et ses créations reviennent à la mode maintenant, comme celles de Charlotte Perriand, qui a travaillé avec Le Corbusier and Pierre Jeanneret. Ils ont une nouvelle reconnaissance. Avec raison. »

David Lynch est sur le point de créer un bungalow Vedic, utilisant les principes du Maharishi Sthapatya Veda. Il décrit les principes de l’architecture Maharishi Vedic : « Le bâtiment doit être orienté suivant les points cardinaux avec une entrée à l’Est, ou éventuellement au Nord ; les espaces intérieurs ont chacun une position et une proportion particulière; enfin, un « centre de complétude » ou « Brahmasthan » doit trouver sa place au milieu de la construction. »

Ce qui est à l’origine de sa motivation, c’est la création d’une architecture qui soit autant que possible en accord avec la Nature. L’architecture Vedic est une science qui ne demande pas énormément de connaissance, seulement celle de savoir comment une création humaine, comme un bâtiment, peut être en harmonie avec les lois de la Nature, et permettre à l’usager d’accéder plus facilement à son intelligence créative.

Plutôt que de limiter la créativité du designer ou de l’architecte, la connaissance de certaines règles et coutumes anciennes finit par élargir le flux créatif au sein même de la nouvelle structure qu’elle s’applique à créer. Les étudiants de la "David Lynch Foundation” appliquent d’ailleurs cette règle quotidiennement par le truchement de la méditation transcendentale.