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Homo Faber Aedifex

  • nhouyoux
  • 19 sept. 2020
  • 2 min de lecture

Si l’on cherche à penser la poétique de l’espace aujourd’hui, on ne peut s’éviter la critique d’une société contemporaine désenchantée et normalisatrice. L’habitation peut-elle encore offrir, un siècle et demi après Baudelaire, ce « côté épique » que celui-ci croyait y déceler. Qu’en est-il de nos bouleversements, de notre émoi, de la dimension lyrique face à l’insaisissable d’une véritable création architecturale.

On trouve à profusion des éléments de réponse négative rien qu’en se penchant sur le constat désolant que lorsqu’une société en vient à réduire l’être humain à l’état d’animal laborans, elle ne peut qu’expérimenter un habitat aliéné et aliénant. Quant à l’architecture, en butte à l’impérialisme croissant des opérations techniques et fonctionnalistes, oublieuse de ses alliances avec les éléments telluriques et cosmiques, elle ne survivrait que comme un jeu artificiel de formes et de langages, un supplément d’âme tout autant aliéné aux conditions économiques de la mode et du spectacle.

Aliénation et désolation prennent naissance dans un oubli de l’être. Habiter n’est pas un comportement de l’homme parmi d’autres, c’est même un trait fondamental du Dasein pour Heidegger, son être-là, son être au monde mais non pas au sens où il serait dans le monde, mais au monde, à la fois en tant qu’héritier et légataire.

Paul Ricoeur considère que la spatialité inhérente à l’ancrage corporel et terrestre est une structure fondamentale de l’être au monde. Et de conclure : « Il devient possible de reconnaître que la « redescription » lyrique de l’ « habiter », c’est à dire du côté de l’être, n’a jamais été étrangère aux valeurs éthiques et politiques. Ces valeurs ne sont d’ailleurs pas dissociables des « valeurs esthétiques » comme c’est le cas de tout ce qui touche à l’ « art de vivre ». Ricoeur montre ainsi que certains états éthiques ne peuvent trouver de langage adéquat qu’avec l’architecture. Plus largement, habiter le monde, c’est toujours, pour l’architecte, appartenir à une société et réagir à ses valeurs, dont seule l’architecture est capable de rendre compte.

Image: Excrescent Utopia, Milo Ayden De Luca

 
 
 

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