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NUEVO NOUVEAU

L’artiste-designer espagnol Jaime Hayón est né à Madrid en 1974. Après avoir étudié le dessin industriel à Madrid et à Paris, il rejoint en 1997 Fabrica, le centre de recherche sur la communication fondé par Benetton, où il a dirigé le département de design jusqu’en 2003. Hayón a créé son propre studio en 2000 puis, à partir de 2003, s’est entièrement consacré à ses projets personnels.

Il a établi une large base de clients englobant différentes fonctions et médias, y compris des meubles et des objets domestiques pour B.D. Barcelona (ES), Cassina (IT), Fritz Hansen (DK), &Tradition (DK), Paola C. (IT) et Magis (IT) ; des objets en céramique pour Bosa (IT) et Lladro (ES) ; des créations en cristal pour Baccarat (FR) et des tapis pour Nanimarquina (ES). Hayon a reçu le National Design Award en 2022.

Jaime Hayon a également travaillé sur des projets totaux tels que le Café Pompidou à Paris, l'hôtel Standard à Bangkok et le Moka Garden à Séoul. Ces dernières années, il s'est concentré sur un parcours plus artistique, collaborant avec des galeries comme Kreo à Paris, créer des sculptures publiques et emprunter de nouvelles voies comme la peinture et le dessin.

Après des expositions au Groninger Museum aux Pays-Bas, Holon Design Museum à Tel Aviv, Le musée Daelim de Séoul, le High Museum d'Atlanta, le Milwaukee Design Museum et une grande exposition au Centre del Carme à Valence en 2022, son œuvre sera présentée pour la première fois à Bruxelles. L'exposition au MAD Brussels met l'accent sur la diversité de son œuvre, l'innovation artisanale qu'il apporte au secteur industriel et les aspects colorés de sa démarche artistique.

C’est aussi Jaime Hayon qui, en 2012, quand fut abattu l’arbre de la villa Le Lac, l'une des réalisations les plus confidentielles de Le Corbusier construite au début des années 1920 en bordure du lac Léman, crée, à partir du tronc et des branches, une série limitée de trois objets : The Bird, une sculpture qui sert de porte-lettres ; The Bird House, conçue pour ranger un téléphone portable, de la monnaie, accrocher des clefs ; et l'étagère The Ledge, qui rappelle une balançoire. Ces pièces numérotées seront présentées au Salon international du meuble de Milan la même année. Tout comme la collection "Réaction poétique", également du designer et inspirée par Le Corbusier, qui réunit, notamment, plateaux et tables en frêne noir.


Comment cette demande de Cassina est-elle apparue ?

Cet arbre caduc à fleurs violettes, un paulownia, originaire de Chine, a été planté par Le Corbusier pour que ses larges feuilles servent de toit au salon d'été de la villa. L’éditeur de meubles Cassina m’a appelé et m’a proposé le projet. Cet arbre représentait un élément important de la composition voulue par Le Corbusier. J’ai voulu honorer cet arbre, ce bois, en créant des formes qui puissent évoquer Le Corbusier. Il y a pratiquement toujours une histoire dans mes projets, un narratif.


Vous sentez-vous proche de la conception architecturale ?

L’architecture me passionne toujours. Au début de ma carrière, j’ai dirigé le département Design de la Fabrica en Italie, conçue par Tadao Ando. Il y a des architectes capables de réaliser du mobilier de grande qualité, dans un art total, comme Alvar Aalto.

Je collabore avec Fritz Hansen qui a travaillé avec les plus grands architectes danois. Personnellement je n’ai jamais pratiqué l’architecture, sauf pour moi-même. Je me complet surtout dans la pratique artistique, dans mon monde. Je réalise des sculptures, des tableaux, sans nécessairement définir de fonctions. J’oscille plutôt entre l’art et le design. La complexité m’intéresse : ce qui est fascinant chez Le Corbusier, c’est la totalité de sa vision, ses écrits, ses tableaux, sa pensée. C’est la même chose chez Arne Jacobsen. Pour ma part, je ne cherche pas à être catégorisé.


Où placez-vous la frontière entre l’utile et l’inutile ?

Il y a une compréhension globale de ce que l’on réalise. Par exemple, la peinture que je réalise aide à me faire comprendre l’espace, les couleurs. Et je peux traduire ces préoccupations dans des projets d’aménagements, par exemple le récent projet en Corée. La composition de l’espace se rapproche de la composition d’une peinture. Et c’est la même chose pour Le Corbusier. L’œil est de plus en plus capable de voir de près et de loin, de juger du poids d’une surface. Par exemple, une chaise est un poids dans l’espace. Il faut pouvoir évaluer sa présence, et juger également du poids de la couleur.

Un meuble est une micro-architecture très complexe. Il faut imaginer les assemblages, la production, les matières. C’est une dimension très forte.


Où placez-vous la couleur ?

C’est un élément essentiel. Elle embrasse toutes les conceptions. Pour l’exposition actuelle au MAD, j’avais d’abord pensé ajouter des couleurs uniquement pour le sol, avec les murs blancs. Je me suis rendu compte par la suite que laisser un sol neutre à certains endroits et concentrer la couleur en d’autres points permettaient à la fois de réveiller l’histoire du lieu et de faire surgir certains contrastes. La couleur est bidimensionnelle et tridimensionnelle. C’est une abstraction de la forme. Elle permet de diriger l’œil, de conditionner le regard.


Quel est votre moteur ?

Je travaille par passion. Il ne faut pas avoir peur de se remettre totalement en question. Je travaillais auparavant dans un atelier très orienté design et conception, très discipliné, orienté objet, mais maintenant je lui donne aussi une orientation plus artistique. C’est un peu à l’image de l’exposition de Bruxelles, qui présente des œuvres très fonctionnelles, des objets très travaillés, mais aussi des propositions très libres.


Comment choisissez-vous vos clients ?

Nous sélectionnons beaucoup les projets, en choisissant le client que l’on veut vraiment. Nous avons des règles strictes. Pour moi le design n’est pas un service, il sert avant tout à questionner, et c’est aussi au client de le comprendre. Chaque nouveau projet est une remise à zéro, provoque de nouveaux challenges, même quand il s’agit de réaliser une carafe, ce qui est aussi difficile à produire qu’une peinture ou un aménagement. Ces trois dernières années, nous avons conçu aussi bien de grands aménagements d’hôtels à Londres, Madrid ou Bangkok, que des pièces d’art uniques, et les difficultés rencontrées ont été comparables.


Propos recueillis par Nicolas Houyoux



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