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Une nouvelle convergence

  • nhouyoux
  • 19 oct. 2022
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 28 oct. 2022

“Le don le plus essentiel de tout bon écrivain est un détecteur de merde intégré en soi, résistant aux chocs. C’est le radar de l’écrivain et tous les grands écrivains l’ont.” (Ernest Hemingway)


Carlo Ratti est architecte et ingénieur de formation. Il enseigne au « Massachusetts Institute of Technology », où il dirige le « Senseable City Lab » et est fondateur du bureau Carlo Ratti Associati.


Voix de premier plan dans le débat sur l'impact des nouvelles technologies sur la vie et le design urbain, Ratti est co-auteur de plus de 500 publications. Son travail a été exposé dans le monde entier dans des lieux tels que la Biennale de Venise, le Design Museum à Barcelone, ​​le Science Museum de Londres, le MAXXI de Rome et le MoMA de New York.


Trois de ses projets - le Pavillon de l'eau numérique, « la roue de Copenhague » et Scribit - ont été inclus par TIME Magazine dans la liste des meilleures inventions de l'année. Il est actuellement coprésident du Global Future Council on Cities and Urbanization du Forum économique mondial.



Avez-vous une vision optimiste des villes à venir ?

Karl Popper disait que l‘optimisme est une nécessité, car le futur dépend de nous. Dans la mesure où l’architecture se doit de contribuer à rendre nos villes meilleures, il y a des raisons d’être optimiste. J’imagine plutôt une convergence entre le monde naturel et le monde artificiel. Un grand nombre des challenges auxquels nous faisons face aujourd’hui viennent de la séparation entre ces deux mondes. Pour mieux prendre en considération cette nouvelle échelle, nous pouvons compter sur divers outils, dont la digitalisation, mais aussi sur la nature elle-même. Ce sont de nouvelles responsabilités pour le citoyen, qui est bien plus impliqué dans la mise en forme de son environnement.


Qu’en est-il du traçage, du vol de données, d’une négativité nouvelle qui accompagne ce développement ?

Il y a bien sûr des problèmes liés aux nouveaux développements technologiques. Ces problèmes sont moins liés aux villes elles-mêmes que directement à nous, dans notre poche, avec notre smartphone ou les data qui nous concernent. Ce sont des problèmes que nous devons résoudre ensemble, lors de grandes conférences internationales. La ville présente moins de dangers en tant qu’organisation collective.


L’organisation des villes est-elle de plus en plus immatérielle ?

Les composantes immatérielles de nos villes pourraient converger vers des comportements de plus en plus naturels, pour apporter une vie nouvelle dans le monde artificiel. L’immatériel est surtout une affaire de réseau, de mise en relation entre de plus en plus d’intervenants, vivants ou non, pour permettre à la ville de s’ordonner dans un nouvel ordre fonctionnel, qui s’apparente à un ordre naturel.


Pouvez-vous expliquer l’idée du « design at large » ?

« Design at large » signifie que les architectes ont une tache plus importante que la simple intervention sur l’existant. Nous devons intégrer les problèmes de la planète, la ségrégation urbaine, l’énergie, le changement climatique,… Il faut une méthodologie qui puisse regarder les problèmes de façon plus large. Même dessiner une chaise signifie une implication sur la ville ou sur la planète. « Design at large » a deux composants : la transdisciplinarité et l’ouverture, comme un software « open source », pour que le citoyen puisse partager les ressources au maximum.


Quant est-il de la multiplication des normes et des contraintes qui pèsent déjà sur les constructions de nos villes ?

Un de mes professeurs à Paris a été Pierre Riboulet, qui a travaillé avec Le Corbusier, et qui parlait des bonnes contraintes et des mauvaises contraintes. Les mauvaises contraintes limitent la créativité, sont généralement de type bureaucratique et empêche l’émergence de la beauté. En revanche, les bonnes contraintes multiplient notre créativité. C’est à nous, architectes, de tout faire pour les imposer dans la ville du futur.


L’architecture collaborative a-t-elle souffert de la récente crise sanitaire ?

Paradoxalement, j’ai vu plus de collaboration durant la période Covid qu’avant. C’est comme si les architectes avaient été forcé de multiplier les contacts, y compris au niveau international. C’est durant cette période que nous avons remporté le concours européen pour la transformation du bâtiment PAUL-HENRI SPAAK à Bruxelles - avec JDS (BE), Coldefy (FR), NL Architects (NL) et Ensamble Studio (SP) - ,bien que n’ayant jamais vu certains de mes nouveaux associés. Nous allons maintenant apprendre à collaborer de façon plus effective, dans un type d’organisation que nous devons encore mettre en place.


Comment faire émerger la créativité d’une telle association ?

Plus de gens signifie plus d’idées. Il ne faut pas prendre le dénominateur commun mais choisir la meilleure idée. Parfois on réalise que la meilleure idée ne vient pas de soi, et il faut l’accepter. Hemingway appelait cela pour les écrivains le « shit detector ». C’est pareil pour les architectes. C’est à vous d’aiguiser votre « shit detector » pour pouvoir distinguer une bonne d’une mauvaise idée.


Propos recueillis par Nicolas Houyoux

 
 
 

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